culture

Les gares ferroviaires réhabilitées en lieux culturels ou tiers-lieux en Drôme-Ardèche : un nouveau souffle pour les territoires ruraux

Les gares ferroviaires réhabilitées en lieux culturels ou tiers-lieux en Drôme-Ardèche : un nouveau souffle pour les territoires ruraux

Une nouvelle vie pour les anciennes gares en Drôme et en Ardèche

Depuis quelques années, nous assistons à une transformation profonde de certaines gares désaffectées en Drôme et en Ardèche. Ces bâtiments, autrefois symboles du maillage ferroviaire français, trouvent une seconde vie en devenant des lieux culturels, des tiers-lieux ou encore des espaces de coworking. Ce phénomène, de plus en plus répandu dans les territoires ruraux, s’inscrit dans une dynamique de revitalisation des centres-bourgs et dans une volonté de renforcer l’animation locale et l’attractivité du territoire.

Dans ces deux départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes, plusieurs projets ont vu le jour. Ils mêlent initiatives publiques, investissements privés et implication citoyenne autour d’un enjeu commun : réinventer nos lieux patrimoniaux pour en faire des espaces vivants, adaptés aux besoins contemporains des habitants et visiteurs.

Le tiers-lieu, une alternative sociale, culturelle et économique

Un tiers-lieu est un espace hybride qui sort des dichotomies traditionnelles entre domicile et lieu de travail. Il peut regrouper un ensemble de services : ateliers partagés, espaces de coworking, salles d’exposition, cafés associatifs, programmations culturelles, etc. En revalorisant les anciennes gares, ces lieux se propagent dans les vallées et les plateaux de la Drôme et de l’Ardèche, répondant à plusieurs défis : dynamiser les zones rurales, renforcer les liens sociaux, et proposer des services en local.

Selon le rapport du Conseil National des Tiers-Lieux publié en 2021, la France comptait déjà plus de 1 800 tiers-lieux. Leur essor est soutenu par des dispositifs comme le programme “Nouveaux lieux, nouveaux liens”, piloté par l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT), qui permet d’accompagner financièrement et techniquement les porteurs de projet.

Des exemples inspirants dans nos territoires

Plusieurs gares réhabilitées témoignent de ce renouveau local. En voici quelques exemples marquants :

  • La Gare des Ramières (Allex – Drôme) : Située au cœur de la Réserve naturelle nationale des Ramières du Val de Drôme, cette ancienne gare SNCF a été transformée en Maison de la Nature. On y trouve un centre d’interprétation de la biodiversité, des expositions, des animations pédagogiques, une boutique éco-responsable ainsi qu’un espace café. Une destination idéale pour les familles et les passionnés de nature.
  • La Gare à Coulisse (Eurre – Drôme) : Ancien bâtiment ferroviaire aménagé dans l’écosite de Eurre, ce lieu est aujourd’hui un pôle culturel atypique mêlant théâtre, cirque contemporain, et fabrique artistique. On y retrouve la compagnie Transe Express, connue pour ses spectacles monumentaux. Ce tiers-lieu artistique rayonne bien au-delà de la vallée de la Drôme.
  • La Gare de Saint-Agrève (Ardèche) : Sur le plateau ardéchois, cette gare désaffectée a rouvert ses portes en tant que lieu multifonctionnel accueillant expositions artistiques, évènements culturels, ateliers collaboratifs et buvette de produits locaux en circuit court. Ce projet a été porté par l’association Le Sillon.

Des enjeux territoriaux forts

La réhabilitation des gares offre des bénéfices concrets pour les territoires ruraux :

  • Réduire la vacance du bâti public : Ces bâtiments ont souvent un fort potentiel architectural et patrimonial. Leur sauvegarde limite l’abandon et l’urbanisation diffusive.
  • Créer du lien social et intergénérationnel : Les tiers-lieux favorisent les rencontres informelles, les initiatives locales et les projets collectifs.
  • Renforcer l’attractivité des petites villes : Ils deviennent des pôles d’animation appréciés des touristes et nouveaux habitants, participant à une dynamique d’installation ou de retour en zone rurale.
  • Soutenir l’économie locale : En proposant du coworking, des boutiques artisanales ou des marchés biologiques, ces gares réhabilitées deviennent des vecteurs de développement.

De nombreuses collectivités ont inscrit ces projets dans leurs stratégies de revitalisation. Par exemple, dans le cadre du programme Petites Villes de Demain, plusieurs communes de Drôme-Ardèche portent des projets d’aménagement de tiers-lieux en recyclant d’anciens bâtiments ferroviaires.

Un modèle reproductible, soutenu par des politiques publiques

La réhabilitation des gares en tiers-lieux ne relève pas que d’une volonté locale. Elle est aujourd’hui soutenue par divers dispositifs financiers et réglementaires. On trouve parmi eux :

  • Le Fonds pour les tiers-lieux de l’État (via l’ANCT)
  • Les aides des Régions et Départements pour la rénovation du bâti et la transition écologique
  • Le soutien de la SNCF via ses filiales (espaces vacants, baux à loyers modérés, partenariats)
  • Le mécénat d’entreprise et les campagnes de financement participatif citoyen

Certaines gares peuvent également bénéficier de protections patrimoniales ou être intégrées dans des Plans Locaux d’Urbanisme intercommunaux (PLUi) favorisant leur réhabilitation à usage collectif.

Perspectives et initiatives à venir

Le développement de ces projets s’appuie aussi sur un tissu associatif très dynamique en Drôme et en Ardèche. On peut citer, entre autres :

La montée en puissance du télétravail, la transition vers des modes de vie plus locaux, et l’attrait croissant pour un tourisme culturel et expérientiel rendent ces gares-tiers-lieux particulièrement pertinents à long terme. D’ici 2030, plusieurs nouvelles anciennes gares pourraient intégrer ces réseaux en mutation, redonnant à ces bâtiments une vocation au service des habitants et des visiteurs.

En capitalisant sur l’histoire ferroviaire de la région, ces lieux deviennent des passerelles entre passé et avenir, entre territoires et habitants. Ils s’inscrivent aussi dans une vision du développement local durable, mêlant culture, économie sociale et solidaire, écologie et lien humain.