economie

Le covoiturage rural en Drôme-Ardèche : une nouvelle solution de mobilité solidaire et durable

Le covoiturage rural en Drôme-Ardèche : une nouvelle solution de mobilité solidaire et durable

En Drôme-Ardèche, le covoiturage rural s’impose progressivement comme une solution de mobilité solidaire et durable, complémentaire aux transports en commun classiques. Entre villages dispersés, zones de faible densité et besoins quotidiens de déplacement, nous observons une évolution nette des pratiques, portée à la fois par les habitants, les collectivités locales et les nouvelles plateformes de covoiturage. Dans cet article, nous proposons un tour d’horizon détaillé de cette nouvelle forme de mobilité en Drôme et en Ardèche, de son cadre réglementaire à ses acteurs locaux, avec des ressources pour aller plus loin.

Comprendre le covoiturage rural en Drôme-Ardèche

Le covoiturage rural désigne le partage d’un trajet en voiture entre plusieurs personnes, sur des distances souvent courtes ou moyennes, dans des territoires peu ou moyennement denses. En Drôme-Ardèche, il s’agit par exemple de relier un village à un bourg-centre, un hameau à une gare, ou encore un lieu de travail en zone artisanale ou industrielle.

Le Code des transports définit le covoiturage comme « l’utilisation en commun d’un véhicule terrestre à moteur par un conducteur et un ou plusieurs passagers, effectuée à titre non onéreux, excepté le partage des frais » (article L.3132-1 du Code des transports, modifié par la loi d’orientation des mobilités, dite LOM, du 24 décembre 2019 – Legifrance).

Dans nos territoires de Drôme et d’Ardèche, cette définition se traduit à la fois par des initiatives formelles (plateformes numériques, aires de covoiturage aménagées, dispositifs soutenus par les collectivités) et par des pratiques plus informelles (ententes de voisinage, réseaux associatifs locaux, etc.).

Les enjeux spécifiques de la mobilité rurale en Drôme et Ardèche

Les défis de la mobilité dans les campagnes de la région Rhône-Alpes, et particulièrement en Drôme-Ardèche, sont bien identifiés :

  • Des distances importantes entre domicile, travail, services publics et commerces.
  • Une offre de transport collectif parfois limitée en fréquence ou en amplitude horaire, malgré les efforts de la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour développer le réseau de cars régionaux et les dessertes TER (Région Auvergne-Rhône-Alpes).
  • Un coût élevé de la voiture individuelle (carburant, entretien, assurance), accentué par la hausse des prix de l’énergie.
  • La nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux déplacements du quotidien, dans le cadre des objectifs nationaux et régionaux de transition écologique (Stratégie nationale bas-carbone – Ministère de la Transition écologique).

Dans ce contexte, le covoiturage rural apparaît comme une solution pragmatique, relativement simple à mettre en œuvre, qui vient compléter les lignes de bus, les trains, le vélo ou l’autostop organisé.

Le cadre réglementaire : ce que prévoit la loi

La loi d’orientation des mobilités (LOM), promulguée le 24 décembre 2019, a profondément modifié la manière dont la mobilité est organisée en France, notamment dans les territoires ruraux et périurbains. Parmi les mesures clés relatives au covoiturage, nous pouvons citer :

  • La reconnaissance officielle du covoiturage comme un mode de transport à part entière (articles L.1231-1 et suivants du Code des transports).
  • La possibilité pour les autorités organisatrices de la mobilité (Région, intercommunalités) de soutenir financièrement les services de covoiturage et d’aménager des infrastructures spécifiques (aires dédiées, parkings relais, etc.).
  • La mise en place d’incitations financières pour les covoitureurs, par exemple via des aides d’État temporaires au covoiturage du quotidien, mises en œuvre à partir de 2023 (Plan national covoiturage du quotidien).

En Drôme-Ardèche, ces dispositions se traduisent par des politiques locales qui varient selon les intercommunalités, mais qui s’inscrivent toutes dans ce cadre légal national.

Les acteurs locaux du covoiturage en Drôme-Ardèche

Plusieurs catégories d’acteurs participent aujourd’hui au développement du covoiturage rural dans nos départements :

  • Les collectivités territoriales : la Région Auvergne-Rhône-Alpes, les Départements de la Drôme et de l’Ardèche, ainsi que de nombreuses communautés de communes (Ardèche Rhône Coiron, Rhône Crussol, Val de Drôme en Biovallée, Montélimar Agglomération, entre autres) intègrent progressivement le covoiturage dans leurs plans de mobilité et leurs programmes de transition énergétique. Certaines ont adopté des Plans de déplacements simplifiés ou des Plans climat-air-énergie territoriaux (PCAET) incluant des objectifs en matière de partage de la voiture.
  • Les plateformes de covoiturage : au-delà des grands acteurs nationaux comme BlaBlaCar, des plateformes spécialisées dans le covoiturage du quotidien, telles que Klaxit, Karos ou Mov’ici (service public de covoiturage de la Région Auvergne-Rhône-Alpes – Mov’ici), sont particulièrement actives dans la région. Mov’ici, par exemple, permet de mettre en relation conducteurs et passagers sur des trajets domicile-travail et domicile-études, avec une logique de service public.
  • Les associations et initiatives citoyennes : dans de nombreux villages de Drôme et d’Ardèche, nous voyons émerger des groupes locaux, des collectifs de transition, des « centrales de mobilité » associatives ou des plateformes d’entraide qui facilitent la mise en relation des habitants. Certaines communes rurales mettent aussi à disposition des panneaux d’affichage dédiés au covoiturage.
  • Les entreprises et zones d’activité : de plus en plus de structures, notamment dans les zones industrielles de la vallée du Rhône ou autour de Romans-sur-Isère, Valence, Montélimar, Annonay ou Privas, encouragent le covoiturage entre salariés via des plans de mobilité employeur, soutenus par l’ADEME et les chambres de commerce et d’industrie.

Les aires de covoiturage en Drôme et Ardèche

Les aires de covoiturage constituent un outil concret pour organiser la rencontre entre conducteurs et passagers. Elles sont généralement situées près des échangeurs autoroutiers (A7, A49), des routes départementales importantes ou en entrée de bourgs.

Les Départements de la Drôme et de l’Ardèche, en partenariat avec la Région et parfois les intercommunalités, ont progressivement aménagé ces aires, souvent signalées par une signalétique spécifique. On en trouve par exemple :

  • Aux abords de Valence, Montélimar, Romans-sur-Isère et Crest, côté drômois.
  • Près de Tournon-sur-Rhône, Aubenas, Annonay ou Privas, côté ardéchois.

Les informations détaillées sur l’emplacement et les caractéristiques de ces aires sont généralement disponibles sur les sites officiels des Départements de la Drôme (ladrome.fr) et de l’Ardèche (ardeche.fr), ainsi que sur le portail France Mobilités (francemobilites.fr).

Une solution de mobilité solidaire

Au-delà de l’aspect purement pratique, le covoiturage rural en Drôme-Ardèche revêt une dimension clairement solidaire :

  • Il facilite les déplacements des personnes sans voiture, en particulier les jeunes, les personnes âgées ou celles en situation de précarité.
  • Il renforce le lien social entre habitants de petites communes, en recréant des échanges quotidiens ou hebdomadaires.
  • Il permet parfois de rompre l’isolement, notamment dans les vallées reculées, les plateaux et les zones de montagne du Vercors, des Baronnies ou des Cévennes ardéchoises.

De nombreuses intercommunalités intègrent cette dimension sociale dans leurs politiques de mobilité. Certaines expérimentent par exemple des « mobilités solidaires » combinant covoiturage, transport à la demande et accompagnement social, inspirées des recommandations de France Mobilités et des guides méthodologiques publiés par l’ADEME (ADEME).

Un levier pour une mobilité plus durable

Sur le plan environnemental, le covoiturage rural contribue directement à la réduction des émissions de CO₂ et des polluants atmosphériques, en diminuant le nombre de voitures circulant pour un même nombre de personnes transportées.

Dans la Drôme et l’Ardèche, territoires engagés dans la transition énergétique (Biovallée, projets de territoires à énergie positive, etc.), encourager le covoiturage s’inscrit pleinement dans les objectifs définis par les Plans climat-air-énergie territoriaux (PCAET) et par la Stratégie nationale bas-carbone. France Mobilités rappelle que, sur un trajet domicile-travail régulier, passer de 1 à 2 ou 3 personnes par voiture permet de réduire significativement l’empreinte carbone individuelle du déplacement.

Lorsque le covoiturage est combiné avec d’autres solutions – vélo, train, car régional, autopartage – il contribue à construire une véritable offre de mobilité durable, même dans les zones rurales. La Région Auvergne-Rhône-Alpes encourage d’ailleurs ces complémentarités dans ses documents de planification, comme le Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET – Région Auvergne-Rhône-Alpes).

Comment pratiquer le covoiturage rural en Drôme-Ardèche ?

Pour celles et ceux qui souhaitent se lancer ou structurer leurs pratiques de covoiturage dans nos territoires, plusieurs pistes concrètes existent :

  • S’inscrire sur une plateforme de covoiturage du quotidien : Mov’ici, Karos, Klaxit ou d’autres services partenaires des collectivités permettent de proposer ou de rechercher des trajets réguliers ou occasionnels. Certaines offres sont subventionnées, ce qui réduit le coût pour les passagers.
  • Utiliser les aires de covoiturage existantes : repérer l’aire la plus proche de chez soi ou de son lieu de travail facilite l’organisation des rendez-vous. Les sites des Départements et de France Mobilités proposent des cartes utiles.
  • Se rapprocher de sa mairie ou de sa communauté de communes : beaucoup de communes rurales disposent d’informations locales (associations, dispositifs d’aides, expérimentations en cours) et peuvent orienter vers des contacts référents.
  • Intégrer le covoiturage dans les pratiques professionnelles : en échangeant avec son employeur ou son comité social et économique (CSE), il est souvent possible de mettre en place des groupes de covoiturage entre collègues, avec parfois des avantages (stationnement réservé, participation financière, etc.).

Perspectives et évolutions à venir

Le covoiturage rural en Drôme-Ardèche est en pleine structuration. Les collectivités locales, appuyées par l’État et la Région, expérimentent de nouveaux dispositifs, comme :

  • Des incitations financières temporaires pour les conducteurs qui covoiturent régulièrement sur des trajets domicile-travail.
  • Des plateformes locales intégrant plusieurs modes de transport (bus, train, covoiturage, vélo) dans une logique de « MaaS » (Mobility as a Service).
  • Des collaborations renforcées avec les entreprises, les établissements scolaires et les associations locales.

Les textes officiels nationaux – notamment la LOM et les décrets d’application consultables sur Legifrance – fournissent un cadre stable. Les retours d’expérience recensés par France Mobilités et l’ADEME apportent, eux, des exemples concrets pour adapter les dispositifs aux spécificités de nos territoires de Drôme et d’Ardèche.

En nous appuyant sur ces ressources, nous voyons se dessiner une mobilité plus partagée, plus inclusive et plus respectueuse de l’environnement, dans laquelle le covoiturage rural occupe une place croissante, au service des habitants comme des visiteurs de la région Rhône-Alpes.